14 oct. 2009

Frédéric Mitterand, authenticité, langage, circularité de la culture


Quand le ministre de la culture écrit un livre où il confesse ingénument qu'il consomme des jeunes garçons dans les bordels de Thaïlande, il est victime de l'" inauthenticité" de son langage à l'instar de Tavernier dans son film la Princesse de Montpensier, et au delà de son langage, des catégories de sa perception.

Ce qu'il voit, c'est une riche tradition culturelle, Jean Genet, Nabokov, Gide, Houellebecq, où les bordels sont exotiques, littéraires, et les objets du désir pas nécessairement majeurs. En se racontant, en baisant, il se range au milieu d'une compagnie illustre.

A l'instar du langage de Tavernier, son langage renvoie à des œuvres, pas à une réalité. C'est la circularité de la culture.

Et la souffrance du jeune prostitué, le ministre de la culture ne la voit pas : ce qu'il voit à la place, c'est... de la culture.

2 commentaires:

  1. La circularité de la culture, ça en dit tout. "Chez moi", nous avions une discussion autour de ce qui est devenu "l'affaire Polanski" - où une lectrice, non résidante en France, s'étonnait des réactions officielles des "personnages illustres français" le concernant et aussi les pourquoi de la défense aveugle de Polanski de la part de la France. Il est vrai que cette circularité de la culture semble être un phénomène si ce n'est français, du moins très étendu en France - j'avoue ne pas du tout m'étonner des réactions, j'avoue y être tombée moi-même, on nage dedans jusqu'à aveuglement. L'intellectuel, l'être culturel, aime se voir libre et plus libre que l'homme moyen - peu importe "la moralité" de la chose, peu importe la nécessité de prendre en compte la réalité, la personne réelle, derrière le concept (même si le mot moral peut être malheureux dans ce context) - d'ailleurs, plus il nage au "contre-courant" (j'aime les jeunes garçons et je n'ai pas honte de le dire), plus il se montre libre et plus il est culturel. La liberté du moi est placée bien au dessus de la liberté de l'autri. Le tout au nom de la culture. Ce qui fait dire, apparemment, à un BHL concernant Polanski que "tout ça n'était qu'une histoire de jeunesse". Mais voilà que je semble glisser du sujet initial.

    Circularité de la culture comme concept expliquant le pastiche est pour cela très bien trouvé. La circularité de la culture justifie même le pastiche. Et cela donne, entre autre, des budgets cinématographiques donnés à des Princesses à la Tavernier (ou des ministres de la culture enculant des jeunots). Ou souvenons-nous du dernier film de Rohmer, tourné, pourtant, au début du 21e siècle.

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  2. Merci FransyskanH d'avoir pris la peine de me lire et de commenter. Vous ne glissez pas du sujet, au contraire, vous êtes en plein dedans.
    Car d'une notion sémantique - la circularité de la culture comme langage se référant au langage, et non au réel -, on glisse naturellement à une notion sociologique - l'élite culturelle justifiant l'élite culturelle, en oubliant le réel.
    C'est le même phénomène, un cran au dessus.

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