18 oct. 2009

Circularité, film en costume, pastiche, littérature de genre

1) Ici, nous avons parlé de circularité de la pensée.
2) Là, de pastiche.
3) Là, de circularité de la culture.
 

Ou le même phénomène, abordé par trois faces différentes.



1) Au départ, la circularité de la pensée : je remplace ma perception du monde par la connaissance que j'en ai acquise, je ne renouvelle plus mes idées, mes concepts, mes catégories, ma vision perd sa fraîcheur.
2) Si je créé, je crée des pastiches, de la littérature de genre, des films en costume, à base de clichés, de choses déjà vues et entendues, car la nouveauté du monde m'est devenue invisible et ma pensée n'est plus capable d'inventer.
3) Et si je couche avec une prostituée, ce n'est pas avec une personne humaine que je fais l'amour, mais avec une figure littéraire, car l'inédit humain m'est devenu invisible, je ne vois plus la singularité, juste des grandes catégories.

1) Humainement 2) artistiquement 3) moralement, je suis devenu sec, mort, mécanique. Je suis devenu un être circulaire.

2 commentaires:

  1. Il y a une raison pour laquelle je regrette le tournant que prennent ces développements théoriques : ils t'ont amené à rejeter le roman noir que tu avais écrit pour faire à la place un roman pas noir, un roman de littérature générale. Je le regrette car il y avait quelque chose de vraiment intéressant dans l'idée de faire une série sur les thèmes de l'unicité, de la question des copies, des doubles. De traiter des questions des duplications en séries dans une littérature de séries.
    Attendons le roman, et voyons. Tu en es où, au fait ?

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  2. "De traiter des questions des duplications en séries dans une littérature de séries." Oui, c'est vrai, mais combien de gens auraient goûté ce raffinement ? Moi même, par exemple, je ne l'avais pas vu. Pour que ça marche vraiment, il faudrait un véritable style de roman noir, avec un inspecteur alcoolique caricatural enquêtant sur le phénomène de la caricature, ça pourrait être drôle.

    "Tu en es où, au fait ?"
    Pour faire bref, j'ai refait tout le milieu et toute la fin du roman. Mais le fond de l'affaire, c'est que lorsque j'écris un premier jet, mes personnages, mes scènes, mes effets sont toujours stupides, théâtraux, caricaturaux. Ils le sont un peu moins dans le second jet, et un peu moins dans le troisième, et un peu moins dans le quatrième, etc. Ce que j'aimerais, c'est arriver au point où je ne sens plus de stupidité nul part. Mais c'est comme un mirage qui s'éloigne au fur et à mesure qu'on s'en approche.

    Pour dire les choses autrement : je comprends un peu mieux ce que je fais à chaque réécriture. Et j'aimerais arriver au stade où il n'y a plus rien à comprendre.

    Ou pour dire les choses encore autrement : j'essaye d'expliciter l'intuition qui m'a fait composer l'ensemble, mais plus je l'explicite et plus elle s'approfondit : au début, je crois déterrer un osselet, puis un os, puis un bras, puis un corps, puis un ensemble de corps, puis un village, etc. Et j'aimerais arriver au moment où je n'arrive plus rien à déterrer du tout.

    Comment font les gens qui écrivent sans réécrire ? Moi, je pourrais réécrire pendant 50 ans le même texte, je crois. Il y a plusieurs romans qui se succèdent, s'engendrant les uns les autres. J'arrêterais quand je sentirais qu'il y en a un vraiment bon qui apparaît.

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